Par Sergio Soliz

Le saviez-vous ? L’un des principaux sites de la culture précolombienne (et pré-incaïque) se situe en Équateur. Découvrez Tulipe, ensemble archéologique unique en son genre.

Il existe beaucoup de raisons de visiter Tulipe : ce site n’est qu’à deux heures de Quito, jouit d’une température qui oscille entre 17 et 22 degrés, et c’est une région qui possède l’un des écosystèmes les plus divers au monde, où l’on a recensé 300 espèces d’orchidées et 170 espèces d’oiseaux.

Toutefois, au-delà de sa nature exubérante et de sa terre fertile, Tulipe est aussi la porte d’entrée à la culture des Yumbos, une civilisation au développement remarquable dans des domaines aussi divers que l’astronomie, la géométrie ou l’architecture.

En visitant le centre cérémonial du peuple Yumbo à Tulipe, vous découvrirez les étonnantes piscines de pierre, le Musée du Site de Tulipe et aurez aussi la possibilité de vous promener sur des sentiers yumbos (culuncos) construits au bord de rivières d’eau cristalline et entourés par une végétation majestueuse.

Un peu d’histoire sur le peuple Yumbo
Le peuple Yumbo a habité et dominé la forêt tropicale humide de la zone occidentale des actuelles provinces de Pichincha, Cotopaxi et Santo Domingo de los Tsáchilas. Son territoire s’étendait, selon Cabello Balboa (le premier Européen qui certifie en 1513 la présence d’un océan de l’autre côté de la terre ferme), depuis Lita et Atacames au nord, jusqu’à Sigchos et Quito au sud.

Le groupe ethnique Yumbo apparaît entre 500 et 1463 après J.-C. dans une zone déjà habitée depuis 4000 ans av. J.-C.
Les Yumbos ont été catalogués comme un peuple qui pratiquait le troc et se consacrait à l’agriculture et à la chasse.

Le réseau commercial Yumbo s’étendait depuis la montagne jusqu’à la côte et ses routes commerciales étaient des sentiers dissimulés par la végétation dense des pentes des montagnes.
Plus tard, ces sentiers sont devenus des chemins incas, et ils ont été empruntés en leur temps par des conquérants, exploitants forestiers, ou commerçants de liqueur de contrebande.
Ils sont toujours utilisés par les paysans qui habitent la zone.

Lors de leurs expéditions commerciales, les Yumbos échangeaient maïs, manioc, haricots secs, pommes de terre douces, fruits, cacahuètes, noix de coco, sel, caoutchouc, coton, encens et plantes curatives (comme les orchidées et la feuille de coca) contre de l’obsidienne, des coquillages et des peaux d’animaux considérés comme sacrés : c’est le cas par exemple du spondylus princeps, un mollusque bivalve appelé « l’or rouge » par les Incas en raison de sa couleur.

Un intéressant legs culturel

Hólguer Jara Chávez, un des principaux spécialistes de cette région, assure que Tulipe est un lieu unique en son genre non seulement en Équateur mais aussi dans tout le secteur andin.

Dans la région de Tulipe, par exemple, il y a une énorme quantité de tolas (pyramides de près de 20 mètres de hauteur) qui avaient pour but de contrôler le territoire mais aussi de loger des occupants, probablement des notables. Élaborées à partir d’un mélange de terre et d’autres matériaux, il existe plusieurs types de structures et les plus importantes possèdent des escaliers et des rampes d’accès.

Les travaux archéologiques effectués dans la zone ont révélé l’existence de sept piscines qui, d’après ce que l’on sait, avaient, entre autres, des fonctionnalités cérémoniales : on y accomplissait semble-t-il les principaux rites religieux d’initiation, purification et fertilité.

Les piscines sont reliées entre elles par des canaux communicants et leur orientation est en relation avec le lever et le coucher du soleil mais aussi avec les solstices d’été et de printemps, ce qui démontre de profondes connaissances en astronomie, géométrie et architecture. Ces miroirs d’eau étaient aussi de formidables observatoires d’étoiles.

Tulipe, gastronomie et fêtes

Tulipe a gagné en vitalité grâce au tourisme et sa survie culturelle est due en partie à la récupération de la fête traditionnelle de la yumbada. Il s’agit d’une fête ancestrale qui a lieu dans les provinces de Cotopaxi, Imbabura, Pichincha, Tungurahua, Chimborazo, Bolivar et Cañar.

Cette célébration, au mois de mars, a comme principal objectif de remercier la terre, le soleil, les montagnes, la pluie, et tous les autres éléments de la nature pour les bonnes récoltes effectuées pendant l’année.

Dans la région de Tulipe on célèbre aussi les fêtes de San Juan et San Pedro qui coïncident avec la célébration de Corpus Christi (en juin), la fête de l’indépendance le 10 août, et la fête de la Vierge de Rosario le 7 octobre.

Lors de ces célébrations, le menu, comme souvent au quotidien, est composé d’un ceviche de palmito (cœur de palmier mariné avec du citron), viande et truite préparés de manières diverses, sucreries faites maison, fruits exotiques (arasha, borojo, goyave), fromages à pâte dure ou molle (il existe même un fromage élaboré avec du jus de sucre de canne : la panela) et des boissons alcoolisées parmi lesquelles on note la chicha de yuca (sorte de liqueur à base de manioc).

Pour en savoir plus

Votre visite de Tulipe ne serait pas complète sans un détour par son musée, inauguré en 2007.
Il propose un montage multimédia qui inclut une réplique de l’un des pétroglyphes et une maquette qui montre tout ce que maîtrisait le peuple Yumbo. Durant la visite, les guides vous invitent à vous promener entre les piscines et vous font découvrir un site circulaire utilisé pour les cérémonies. Le musée est ouvert du lundi au dimanche de 09:00 à 17:00.

Pour connaître plus en détail la culture des Yumbos, nous vous recommandons le livre de Holguer Jara Chávez « Tulipe et la culture Yumbo » (en espagnol seulement).

A Tulipe il y a un espace pour tous : amoureux de la nature, écologistes, étudiants de la bio-diversité ou férus d’anciennes civilisations, chacun y trouvera son bonheur !