L’artisanat en Équateur
L’artisanat en Équateur est l’expression des cultures populaires. Comme beaucoup de pays d’Amerique Latine, l’Équateur a su conserver ses traditions et son savoir-faire ancestral. Que ce soit le fameux panama, symbole de l’Équateur ou un hamac artisanal, vous n’aurez que l’embarras du choix pour ramener un souvenir de ce beau pays.
Le Panama, chapeau symbole de l’Équateur
Le Panama est connu du monde entier, et pourtant ce chapeau de paille qui porte le nom d’un autre pays est cependant originaire de l’Équateur. C’est seulement là en effet que pousse la cardulovica palmata ou paja toquilla, feuille de palme qui, une fois séchée, est tissée manuellement1 pour en faire cette coiffe, découverte par les conquistadors au début du XVIe siècle, et nommée « sombrero de paja toquilla » (soit chapeau de paille de châle).
Trois siècles plus tard, ces « toquillas » étaient portées un peu partout, du Pérou aux plantations de cacaoyers d’Amazonie et d’Amérique centrale.
Et même ailleurs : il se dit que Napoléon, à Sainte-Hélène, délaissait parfois son célèbre bicorne pour un montecristi !2.
Au début du XIXe siècle, des comptoirs s’ouvrent au Panama, lieu de transit important du commerce mondial, pour écouler cette marchandise, exportée peu à peu partout sur la planète.
Paris découvre ce chapeau lors de l’exposition universelle de 1855 : Napoléon III se voit offrir un « fino »3, et il n’en faut pas plus pour lancer, dans la capitale, la mode de ce chapeau appelé alors « panama », après confusion entre pays expéditeur et pays producteur.
Il devient encore plus populaire dès 1881 et les premiers coups de pioche du percement du canal de Panama.
En effet, assez vite sur cet immense chantier, les autorités sanitaires obligent les milliers d’ouvriers venus de différents pays à se protéger du soleil en portant un chapeau.
Beaucoup d’entre eux adoptent la « toquilla », trouvant, à juste titre, que ce chapeau est léger, confortable et pratique.
Il acquiert définitivement ses lettres de noblesse lorsque, lors de sa visite sur le chantier du canal en 1906, le président des États-Unis, Théodore Roosevelt, arbore ce couvre-chef : la photo fait le tour du monde, le « panama hat » devient un chapeau de luxe pour la haute société.
Il est porté depuis par nombre de célébrités4 et des millions d’inconnus qui le substituent au canotier comme chapeau d’été.
Et même si les équatoriens lui préfèrent l’appellation de « sombrero de paja toquilla », ils se sont résignés à le commercialiser sous son nom actuel, faisant ainsi -osons le contresens- contre mauvais cœur bonne fortune !
Car il se vend des panamas sur toute la planète, de formes, de couleurs et de qualités diverses, pour les hommes comme pour les femmes, authentiques (on les reconnaît à la rosace qui marque le début du tressage) ou factices5, artisanaux ou industriels, à un prix abordable ou un coût exorbitant.
Les plus connus sont des chapeaux pour hommes à forme de Borsalino (autre chapeau célébrissime, qui est lui fait de poils de lapin ou de lièvre).
Issus principalement de deux grandes régions de production, Cuenca et Montecristi, les panamas sont tissés artisanalement avec la paille séchée fournie par les jeunes feuilles de toquilla, que l’on découpe en filaments de plus en plus fins selon le degré de qualité auquel on veut parvenir : sub fino, fino, super fino et leurs variantes.
Plus les filaments sont fins, plus long est le tissage (au-delà de six mois d’ouvrage parfois, en particulier s’il est très serré et régulier). Plus rare est le panama, plus cher aussi (un Montecristi extra fino peut dépasser les mille euros).
Mais quel qu’il soit, le panama a une histoire, basée sur un savoir-faire ancestral quasiment inchangé depuis ses origines. Et même si cet accessoire vestimentaire est quelque peu tombé en désuétude, derrière chacun de ces chapeaux émerge la culture d’un pays et la fierté de son peuple : la terre d’Équateur est coiffée d’un panama, un soleil qui la distingue et l’illumine, son âme.
1 Il est à noter que si le tissage de chapeaux concerne tous les sexes, il était traditionnellement l’affaire des seules femmes. Elles restent majoritaires dans cette activité.
2 Il existe trois types de panama : brisa, cuenca, et montecristi. Chaque façon est caractérisée par un point de tissage particulier, et la position des ouvriers lors de la confection (les cuencas se tissent assis tandis que les montecristis de tissent debout, penché sur son ouvrage).
3 C’est à dire un « fin », caractérisé par la très bonne qualité de son tissage.
4 D’Al Capone à Paul Newman, de Winston Churchill à Sean Connery, d’Hemingway à Marlon Brando … on ne compte pas les célébrités ayant adopté le célèbre chapeau.
5 Quantité de contrefaçons circulent, dont la plupart produites dans les pays voisins de l’Équateur. Ces imitations sont en général faciles à détecter, elles sentent davantage la cellulose que la paille !
Les Hamacs d’Équateur
Les régions tropicales ne seraient pas ce qu’elles sont si on ne les associait pas avec les hamacs. Nous allons vous faire découvrir tout ce dont vous avez toujours voulu savoir sur les hamacs.
Les hamacs de « mocora » de Isidro Ayora, province de Guayas
On connaît les hamacs faits en coton mais nettement moins ces hamacs de fibre de palmier qui semblent plus rustiques, originaires de la province côtière de Guayas.
L’équipe Terra Ecuador a donc testé pour vous et oui ils sont confortables, même s’ils grattent parfois.
L’équipe a donc décidé de ne pas en rester là et de consacrer une étude très sérieuse sur les différents hamacs que l’on trouve en Équateur, car oui, c’est aussi une destination de repos !
Le hamac rustique
Ce hamac plus rustique est très facile à emporter
Le hamac rustique fait par les Huaoranis en Amazonie
Du plus « farniente », j’ai souffert ce jour-là :
hamac en coton, comme ceux du marché d’Otavalo
Au marché ils sont plutôt vendus comme cela :
hamac de mocora
Un vrai bon hamac en mocora se vend aux alentours de 150 u$d. Il faut quand même 15 jours pour en tisser un, surtout avec l’amour du travail bien réalisé.
Les hamacs de mocora sont fabriqués par les petites dames du coin :
J’oubliais, la mocora est donc une fibre naturelle qui provient d’un palmier (genre Astrocaryum pour les connaisseurs) qui croît dans les forêts sèches de la Côte (les tisseurs les obtiennent de Paján). Le secret c’est que les fibres (il en faut 6 kg. Pour un hamac) sont humidifiées avec de la limonade, eh oui du jus de citron coupé à l’eau. Cela permet ainsi de ramollir le tissu. Et pour le tissage les femmes enduisent les aiguilles, en bois bien sûr, le « cabo de hacha », arbre de la région, de graisse de vache pour que la fibre se travaille plus facilement. A Isidro Ayora, il n’existe que quatre endroits où apprécier ce travail.
Et si vraiment vous ne voulez pas mettre ce prix, sachez que les voisins de Lomas de Sargentillo en font des plus grossières, donc moins chères.
Voilà la photo du palmier :