Récit d’une première ascension en haute montagne
La légende des Andes nous raconte qu’un beau et redoutable guerrier appelé Cotopaxi tomba éperdument amoureux de la belle Tungurahua. Toutefois, cette dernière était également courtisée par un autre guerrier vaillant, Chimborazo.
Pendant des décennies, ces deux géants se disputèrent l’amour de Tungurahua. Entre grondements – tremblements -, mots d’amour – vapeurs et cendres – ou vilains mots – éruptions -, Cotopaxi, vaincu, décida de rendre ses armes et renonça à l’amour de Tungurahua.
Vainqueur, Chimborazo, roi des hauteurs, épousa sa bien-aimée et revêtit pour toujours son manteau blanc.
5897 mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer, le Cotopaxi est le premier plus haut volcan actif d’Équateur et le deuxième au monde. En kichwa, Cotopaxi signifie “le cou de la Lune »; la lune vient se reposer sur son sommet .
Depuis mon arrivée en Équateur, je n’entends parler que de l’ascension de ce géant. Curieuse, sportive et aventurière dans l’âme, je décide de me lancer dans cette expérience inoubliable accompagnée de trois amies.
Un nouveau défi nous attend, c’est toute une programmation ! En effet, il s’agit de haute montagne, on parle d’andinisme. Il est donc primordial de comprendre les effets de l’altitude sur notre corps et de réaliser une bonne acclimatation avant toute ascension en haute montagne, afin de prévenir du mal des montagnes (appelé sorocho en espagnol). C’est une ascension accessible, toutefois il faut être en très bonne condition physique de manière générale.
J-7. Notre première randonnée pour nous mettre en jambe : le tour de la Lagune de Cuicocha. 14 km. de vrai bonheur, avec un temps magnifique. Nous faisons le tour de cette lagune perchée à 3250m. d’altitude. C’est un petit défi car c’est notre première randonnée en altitude, et l’essoufflement se fait parfois ressentir lors des montées.
J-6. C’est parti pour l’acclimatation ! Première rencontre avec nos guides qui parlent parfaitement anglais et espagnol. Nous commençons par notre premier sommet, le Rucu Pichincha, 4696m. d’altitude. Nous partons depuis le téléphérique de Quito. C’est une randonnée accessible depuis la capitale équatorienne, adaptée pour un premier sommet et offrant une vue incroyable. Au fur et à mesure que nous marchons, nous voyons la ville s’éloigner petit à petit pour laisser place au paramo, cette toundra alpine qui couvre les plateaux de haute montagne. Après 2 heures de marche, nous entamons la dernière montée dans le sable, avant d’atteindre le sommet. Quelle satisfaction ! C’est en réalité mon premier sommet, mais sûrement pas le dernier.
J-5. Aujourd’hui, nous profitons d’une journée de repos. Il nous faut de l’énergie physique et surtout mentale pour ce qui nous attend : 5 jours consécutifs d’ascensions.
J-4. À l’aube, nous partons depuis Quito pour le Pasochoa, au sud de Quito. Nous allons à un rythme modéré, le chemin étant relativement facile, observant la végétation qui se transforme au fil des kilomètres, pour cette randonnée en altitude. Nous arrivons à 4200m. d’altitude, point culminant du Pasochoa.
J-3. Nous nous rapprochons du Cotopaxi, aussi bien physiquement que mentalement. En effet, nous attend l’ascension du Rumiñahui qui culmine à 4721m. d’altitude. Au départ de la Lagune Limpiopungo, nous apercevons de plus près le Cotopaxi. Avant d’arriver au sommet, nous devons escalader la montagne rocheuse, facile et plutôt amusant. Là-haut, la vue est imprenable sur les volcans Cotopaxi, Sincholagua, Pasochoa et les vallées environnantes.
J-2. Notre dernière acclimatation, Illiniza Norte. Cette fois-ci, les choses plus sérieuses commencent. En effet, pour l’Illiniza Norte, il est nécessaire d’être encordé. Avant d’atteindre le sommet, il y a une partie d’escalade, qui demande concentration et un peu de technique. Après 4 heures de marche, depuis ses 5116m d’altitude, nous pouvons profiter d’une magnifique vue sur l’Avenue des Volcans.
J-J. Ça y est, nous sommes prêtes pour ces deux jours d’ascension du Cotopaxi.
12h30. Nos guides de hautes montagnes viennent nous chercher à l’hacienda où nous avons passé la nuit, avec tout l’équipement nécessaire. Nous conduisons jusqu’à environ 4500m, où nous laissons le 4×4. Il faut ensuite marcher jusqu’au refuge d’altitude qui se situe à 4864m.
15h. Après un brief de nos guides, l’installation dans le dortoir, nous allons tester le piolet et les crampons. L’ascension se fait sur la neige, il faut donc rapidement être à l’aise avec l’équipement.
17h. Le repas du soir nous est servi. Nous assistons à un magnifique coucher de soleil, les sommets environnants se laissent voir. C’est déjà très impressionnant !
23h. Le réveil est difficile. D’autant plus qu’il fait chaud, emmitouflé dans nos duvets. Allez, c’est parti. Nous nous équipons. Une collation nous est proposée. Par chance, aucune d’entre nous n’a le mal des montagnes ! Les guides nous expliquent à l’aide d’une carte la route que nous allons prendre.
00h. L’ascension commence. Dès notre sortie du refuge, nous voyons les lumières de la ville au loin. Le temps semble dégagé. Nous nous encordons après peu de temps. Un guide pour deux d’entre nous. Les guides s’adaptent à notre rythme. Dans ma tête, seul résonne le bruit de nos pas et des piolets heurtant la neige.
4h30. Les étoiles illuminent le ciel. Nous faisons des pauses régulières pour nous hydrater et nous renflouer en énergie. La fatigue commence à se faire sentir mais nous avançons, déterminés à atteindre le cratère.
6h30. Le soleil se réveille doucement, le sommet est là ! Nous arrivons, émues, épuisées mais tellement fières et admiratives de cet exploit. C’est impressionnant. L’émotion est forte face au cratère imposant, face aux couleurs du lever du soleil, face aux sommets qui nous entourent.
6h50. Il faut (déjà) redescendre. Nous découvrons le paysage, les glaciers par lesquels nous sommes passés de nuit. Nous continuons d’être émerveillées.
9h30. À l’arrivée au refuge, un copieux petit déjeuner nous attend. Rien de mieux après un tel effort physique ! Puis, l’aventure touche presque à sa fin. Nous faisons notre sac et quittons le refuge pour rejoindre le 4×4 qui nous attend.
12h. Le retour à Quito est difficile. Sur le chemin, nous avons vu le géant s’éloigner, des sourires sur nos visages, une petite larme au coin de l’œil et surtout la tête remplie de merveilleux souvenirs. Néanmoins, nous avons hâte de poser nos sacs à dos, de profiter d’une bonne douche chaude, d’une bonne nuit et pourquoi pas d’un bon massage !
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’altitude et ses effets ainsi que sur la préparation à une ascension, lisez notre article à propos des séjours en altitude.